Article by Octavie Mirabelle TABANGUET (Coordinator of Réseau des Femmes pour la Protection et l’Action Sociale (RFPAS)) and Sera Bulbul (Senior Associate, Research, Communications, and Learning, MCLD US)
(Article in English below)
En 2009, je travaillais comme assistante de direction. Dans mon bureau, il y avait deux femmes leaders qui étaient toutes deux présidentes d’associations. Ces deux femmes m’ont incitée à me réunir avec d’autres jeunes pour créer une association. Nous nous sommes dit : “Nous sommes jeunes et nous devrions avoir une association où nous pourrions nous exprimer et faire entendre la voix des jeunes. Nous pourrions mener des actions pour que les points de vue et les proccupations des femmes soient prise en compte et aussi parler au nom de ceux qui ne peuvent pas le faire eux-mêmes”. Nous avons créé une association qui, à l’époque, s’appelait Action sociale pour la protection de la femme et de l’enfant contre la violence et la vulnérabilité.
C’est dans ce contexte qu’Octavie Mirabelle TABANGUET est devenue le leader qu’elle est aujourd’hui. Juriste de formation, Octavie est aujourd’hui coordinatrice du Réseau des Femmes pour la Protection et l’Action Sociale (RFPAS). Ce réseau à une cordination nationale dans la capitale Bangui et des coordinations regionales dans cinq préfectures et trois sous-préfectures de la RCA.
Dans un nouvel article pour le MCLD, Octavie décrit les priorités du RFPAS et décrit en détail le contexte dans lequel travaillent les organisations de femmes en République centrafricaine :
Réseau des Femmes pour la Protection et l’Action Sociale (RFPAS)
Nous travaillons beaucoup pour la protection des femmes, des enfants et des jeunes, nous vulgarisons les textes juridiques des droits des femmes pour l’appropiration par celles ci. Nous soutenons les femmes dans leurs AGR pour leur l’autonomisation. Nous luttons aussi contre la prolifération et le mauvais usage des armes legeres et de petit calibre qui constitue la cause de deces de plusieurs personnes dans le monde et de cas de VBG.
Nous faisons beaucoup de sensibilisation dans les écoles, nous travaillons avec les jeunes et nous les encourageons à adopter des comportements non violents.
Nous faisons beaucoup de plaidoyer pour l’intégration de la dimension genre dans les procesus de paix ainsi que la participation politique et leadership de la femmes à tous les niveaux, dans les instances de direction que de prise de décisions.
Je suis fière de mon travail parce que je travaille auprès de la communauté, je suis proche de la communauté. Je vis un peu ce que vit la communauté, je connais ses problèmes et je soutien la communauté en apportons des réponses pour l’amélioration de leur condition de vie.
J’encourage la communauté à aller de l’avant. Je suis fière du fait que lors des sessions de sensibilisation, nous sensibilisons les femmes aux cadres juridiques relatifs aux droits des femmes dont elles ignoraient l’existence auparavant. Ainsi, lorsqu’une femme s’empare de ce droit, elle est déjà une femme libre. C’est un pas, c’est un pas vers l’épanouissement de cette femme. Et je suis très fière de travailler avec la communauté, de soutenir les femmes, de les aider dans cette marche vers le développement.
Réseaux et organisations dirigés par des femmes en République centrafricaine
Les associations de femmes sont nombreuses en République Centrafricaine surtout dans la capitale Bangui et au niveau des provinces. Ce qui pose problème à ces associations est avant tout un problème matériel.
Les associations de femmes manquent de renforcement de capacités administratives : comment faire fonctionner une association, comment monter un projet, comment rendre compte, comment organiser des activités, comment trouver des opportunités de financement ? Voilà le problème.
Les problèmes de gestion et d’accès au financement empêchent également les associations de femmes de mener à bien autant de projets et d’activités qu’elles le souhaiteraient. La plupart des associations se limitent à de petits projets de sensibilisation financés par quelques bailleurs de fonds. Car franchement, les associations de femmes ont un sérieux problème de gestion.
Pour contourner ces problèmes, le RFPAS s’efforce aujourd’hui de convaincre les donateurs d’accorder des financements pour renforcer les capacités des OSC de femmes. La plupart des bailleurs de fonds orientent désormais leur financement vers le renforcement des capacités des organisations de femmes, tant dans la capitale que dans les provinces. D’ici peu, des vagues d’activités de renforcement des capacités auront lieu dans tout le pays, dans le but de renforcer les compétences de nos membres.
Le développement piloté par la communauté
Le COVID s’est également accompagné de son lot de défis et, par conséquent, les femmes ont été confrontées à plusieurs problèmes. Les femmes africaines sont très résistantes, elles soutiennent leurs communautés. Aujourd’hui, nous travaillons beaucoup plus sur le développement communautaire. Nous nous rapprochons des communautés. Nous avons développé une approche ici. Pour développer un projet, nous devons les approcher, organiser des réunions avec eux et découvrir leurs problèmes. Dans la plupart des cas, les projets antérieurs ne répondaient pas vraiment aux besoins de la communauté.
Le RFPAS a eu l’idée d’approcher les communautés et de découvrir quels étaient leurs besoins, quels étaient leurs vrais problèmes, afin que nous puissions maintenant élaborer les problèmes qui répondraient vraiment à leurs besoins. Nous avons beaucoup progressé dans cette direction et nous continuerons à le faire. Nos futurs projets seront très axés sur les communautés, car c’est à partir d’elles, avec elles, que nous avons identifié les problèmes et élaboré des projets en réponse aux défis auxquels elles sont confrontées.
J’avais beaucoup travaillé avec Emmanuel sur des projets de consortium. Lorsque les conversations sur le MCLD RCA ont commencé, j’ai pensé que mon réseau devait rejoindre le MCLD pour pouvoir travailler et continuer le travail pour le développement des Centrafricains.
Aujourd’hui, nous commençons à établir des relations avec des associations de femmes et des organisations de la société civile dans d’autres pays. Nous partageons nos expériences et apprenons des autres afin d’améliorer encore notre travail. Je vois cela comme un atout, comme une ouverture, qui nous permettra de voir ce que les autres font ailleurs pour pouvoir le contextualiser chez nous.
Les femmes en République centrafricaine
Les femmes de la République centrafricaine se sont battues avec acharnement pour obtenir l’égalité des sexes. Ce n’est pas encore tout à fait le cas, mais nous avons fait de sérieux progrès. Au début, ce n’était pas facile. Avec un système très patriarcal ici en République centrafricaine, tout était contrôlé par les hommes ; les femmes étaient reléguées au second plan.
Les femmes ont pris l’initiative de sensibiliser, de plaider, de parler entre elles et de revendiquer. Les femmes centrafricaines s’approprient leurs droits. Nous nous sommes battues pour l’égalité des sexes et pour que les femmes aient leur mot à dire dans les postes de décision. Les femmes commencent à accéder à des postes de décision. Les femmes sont maintenant motivées et nous progressons bien.
Le régime patriarcal nous avait mises à l’écart, et les préjugés sociaux empêchaient les femmes de s’exprimer. Les femmes ne doivent pas se lever et dire “non”. Aujourd’hui, les cadres juridiques ratifiés par la République centrafricaine nous ont vraiment ouvert les yeux et nous ont donné le courage de nous battre. Nous allons continuer à nous battre avec l’aide des autres qui sont déjà en avance sur nous, parce que nous sommes un peu en retard. Aujourd’hui, les femmes centrafricaines commencent à retrouver leur place dans la communauté, dans la participation politique et dans les postes de décision.
Article in English
I was working as an Executive Assistant in 2009. In my office, there were two women leaders who were both presidents of associations. These two women motivated me to convene with other young people to set up an association. We said to ourselves, ‘we’re young and we should have an association where we could speak out and make our voices heard. We could also speak for those who couldn’t speak for themselves.’ We set up an association which, at the time, was called Action sociale pour la protection de la femme et de l’enfant contre la violence et la vulnérabilité (Social action for the protection of women and children against violence and vulnerability).
It is in this context that Octavie Mirabelle TABANGUET became the leader that she is today. A lawyer by training, Octavie is now the coordinator of Réseau des Femmes pour la Protection et l’Action Sociale (RFPAS). The network led in CAR’s capital city Bangui also has branches in five prefectures and three sub-prefectures.
In a new article for MCLD, Octavie outlines RFPAS’ focuses and shares in-depth on the context that women’s organizations in the Central African Republic work in:
Réseau des Femmes pour la Protection et l’Action Sociale (RFPAS)
We work hard on the protection of women, children, and youth, as well as women’s empowerment and gender equality. We are also concerned about the misuse and proliferation of light and small-caliber weapons. We do a lot of awareness-raising in schools, work with young people, and encourage them to adopt non-violent behaviors.
I’m proud of my work because I work with the community, I’m close to the community. I live a little of what the community lives, I know the community’s problem and I help the community to find answers to their problems. I encourage the community to move forward. I’m proud of the fact that during awareness-raising sessions, we raise women’s awareness of legal frameworks for women’s rights that they didn’t know existed before. As a result, when a woman takes hold of this right, she’s already a free woman. It’s a step, it’s a step towards the development of this woman. And I’m very proud to work with the community, to support women, to help them in this march for development.
Women-led Networks and Organizations in the Central African Republic
Women’s associations are numerous in the Central African Republic especially in the capital city of Bangui and at the level of the provinces. What poses a problem for these associations is first and foremost a material problem.
Women’s associations are lacking administrative capacity strengthening: how do you run an association, how do you set up a project, how do you report, how do you organize activities, how do you find funding opportunities? That’s the problem.
Management problems and access to funding also keep women’s associations from carrying out as many projects and activities as they would like to. Most associations limit themselves to small-scale awareness-raising projects financed by a few backers. Because frankly, women’s associations have a serious management problem.
RFPAS’ way around these problems now is to make our case to donors so that they can grant funding to strengthen the capacities of women’s CSOs. Most funders are now directing funding towards capacity strengthening for women’s organizations, both in the capital and the provinces. Before long, there will be waves of capacity strengthening activities taking place all over the country, aimed at strengthening the skills of our members.
Community-led Development
COVID also came with its share of challenges, and as a result, women were faced with several problems. African women are very resilient, they support their communities. Now, we’re working a lot more on community development. We’re getting close to the communities. We’ve developed an approach here. To develop a project now, we have to approach them, organize meetings with them, and find out what problems they have. In most cases, past projects didn’t really meet the community’s needs.
RFPAS came up with the idea of approaching the communities and finding out what their needs were, what their real problems were, so that we could now work out the problems that would really meet their needs. We have made a lot of progress in this direction, and will continue to do so. Our future projects will be very community-led, because it’s from these communities, with them, that we’ve identified the problems and drawn up projects in response to the challenges that they face.
I had worked a lot with Emmanuel on consortium projects. When conversations about MCLD CAR started, I thought that my network needed to join MCLD to be able to work and continue the work for the development of Central Africans.
Now we’re starting to build relationships with women’s associations and civil society organizations in other countries. We share experiences and learn from others so that our work can be even better. I see this as an asset, as an opening, which will enable us to see what others are doing elsewhere so that we can contextualize it here at home.
Women in the Central African Republic
Women in the Central African Republic have fought hard for gender equality. It’s not quite there yet, but we have made serious progress. In the beginning, it wasn’t easy. With a very patriarchal system here in the Central African Republic, everything was controlled by men; women were in second place.
Women have taken the initiative to raise awareness, to advocate, to talk amongst themselves and to make demands. Central African women take ownership of their rights. We have fought for gender equality and for women to have a voice in decision-making positions. Women are starting to reach decision-making positions. Women are motivated now, and we’re making good progress.
The patriarchal regime had sidelined us women, and social prejudice stopped women from speaking out. Women shouldn’t stand up and say “no”. Now, legal frameworks that the Central African Republic has ratified have really opened our eyes and given us the courage to fight. We’re going to keep fighting with the help of others who are already ahead of us, because we’re a bit behind. Now Central African women are starting to regain their place in the community, in political participation, and in decision-making positions.